Alexis BUCHAGIAR
Alexis Buchagiar, né à Paris en
1935. J’ai traversé l’enfer pendant la guerre de 39-45.
Viol de ma mère sous mes yeux, par 12 militaires. Révolte
intérieure, mais impuissant
devant ces bêtes en armes. J’ai vécu des bombardements et vu des corps
déchiquetés,
des maisons s’écrouler, sous un tonnerre d’explosions.
Avec le recul, lorsque je regarde ces sombres années, je me dis que
l’homme sans Dieu,
ayant étouffé sa conscience, uniquement guidé par son égo, peut devenir
le pire des prédateurs.
Trop souvent, le propre de l’homme est d’être indifférent
de son Créateur, il puise dans les
apparences sans chercher la source ni la remercier. Rien de plus naturel
pour un animal,
mais l’humaine semence divine, a d’autres ressources et surtout vocation à
devenir créateur
du beau du bien et du juste.
Vers les années 45, l’heure est venue de
reconstruire. Ma mère se met en association avec
un ancien prisonnier, qui se ventait de ses qualités de fermier. Ils
achètent avec leurs faibles
économies, une ferme dans l’Aude, dans le massif de « la Montagne
Noire » mais vues les
dettes à
rembourser et les incompétences de cet homme, la
ferme a fini par être vendue aux
enchères et nous, à la porte. C’est à mon retour d’école qui était à 3
km à pied, que j’assiste
à des scènes de ménage entre ma mère et cet homme et plus tard par des
violences que je
ne peux raconter ici.
Ma mère, enfant de seize, suivait des cours musicales de
piano et d’après la famille était
douée et vocation d’aller au conservatoire. Mais les erreurs de choix dans
la vie, petit à petit
ont perdu les lumières de son âme.
Me voici pris en charge par l’Assistance Publique,
j’arrive aux Mesnuls, je crois vers les années
52-53. J’éprouve un grand bonheur d’avoir un bon lit, pouvoir manger à ma
faim, avoir une vie
équilibrée. Entre les 4 métiers proposés, j’ai choisi l’apprentissage de
l’horlogerie, étant assez
doué manuellement malgré la perte de 3 doigts de la main droite, ou il
reste l ‘essentiel le
pouce et l’index.
Me revient aussi le souvenir d’aimer le jeu d’échec et
comme Monsieur Pierre Domon notre
professeur d’horlogerie, aimait aussi ce jeu, il m’invitait sur la table
de sa terrasse de jardin,
à partager des parties. Je me rappelle ne pas avoir gagné une seule fois
des parties qui
duraient parfois des heures, mais ressentais beaucoup de bonheur de ces
échanges.
Merci encore cher Professeur !
Mon plus grand bonheur, étaient les cours d’enseignement
général, j’avais besoin de comprendre
ce monde… Notre Professeur, j’ai oublié son nom, voyant mes difficultés,
me proposait souvent
après les cours de m’expliquer les règles de grammaire. M’intéressait
particulièrement les
philosophies de l’humaniste Maxens Van Der Mersch, Antoine de Saint
Exupéry….
En échange n’ayant pas assez d’argent, j’allais l’aider à bêcher,
désherber, biner, et arroser
son jardin
Mais derrière ce personnage, était ancrée une grande
souffrance, une tristesse qui me
poussait à rester seul et pourtant heureux de rire lorsque l’occasion se
présentait.
Mon grand plaisir, lorsque j’avais quelques francs gagnés au café de la
place des Mesnuls
à faire la plonge les jours de congé, était avec les copains d’aller voir
des films amusants
à Montfort l’Amaury.
J’ai compris plus tard que les racines de ces souffrances
se trouvaient dans cette jeunesse
massacrée, sans bonheur familial. Très tôt, trop tôt, confronté à la
responsabilité.
J’étais souvent étonné et ravi de voir des autres
pensionnaires, bien plus handicapés que moi,
heureux et prêts à faire les 400 coups, avec une dynamique contagieuse.
Je garde un souvenir reconnaissant aux Mesnuls .C’est là ou j’ai appris un métier, retrouvé les
bases salutaires d’un environnement bienveillant par
l’entremise de la fondation de la baronne Mallet.
Mon entrée dans la vie professionnelle a été assez dure, partagé entre la théorie et ou le temps ne
comptait pas et la rentabilité exigée par le système.
J’ai donc
travaillé une année à Paris dans un magasin du 15ème
arrondissement.
Les vacances suivantes, je suis parti en auto-stop en Suisse, voulant parfaire mes
connaissance là-bas.
J’ai été engagé par les Ets Cortébert à la Chaux de Fonds, ou j’apprends l’exigence d’un
travail parfait. J’y suis resté 2 ans.
Je reviens à Besançon pendant 3 ans dans divers entreprises. C’est là aussi ou j’ai rencontré
mon grand amour, mais vu ma modeste condition, les portes
parentales se ferment.
L’étape suivante est Paris, décidé de m’affirmer et de m’en sortir, je m’installe à mon compte dans
le quartier du Marais qui est le quartier des
corporations reliés à ce métier.
Je m’installe
au 5ème étage, atelier et domicile.
Beaucoup de magasins me confient leurs réparations
d’horlogerie, et suis entraîné à engager
du personnel.
Trois ans plus tard, j’achète un terrain à Sartrouville (78) et construit mon pavillon et un atelier
selon la formule des Castors. C’est à dire mettre la main à la pâte avec les maçons, charpentier….
J’ai appris beaucoup des métiers du bâtiment.
Beaucoup de travail et de vigilance m’ont permis de quitter la profession à 54 ans et de m’assurer
une rente modeste mais suffisante.
Une rencontre spirituelle me remet profondément en question. Les rencontres de femmes aussi,
avec des erreurs….
N’ayant jamais connu une famille heureuse dans mon enfance, par la psychothérapie, j’ai compris
mes errements affectifs et j’en paye encore les
conséquences aujourd’hui.
J’ai choisi aussi de suivre partiellement des cours de naturopathie à Paris et mener une vie saine
selon les lois naturelles, déjà évoquée à l’époque de la civilisation grecque par Hypocrate, et la
propager à ceux qui veulent écouter : le sens de la
vie, tout en respectant la diversité.
Avec un ami nous disposons d’une belle maison à 60 m de la mer en Bretagne à 8 km de la
Pointe du Raz, ouverte aux amis.
Pour conclure je voudrai dire Merci Mon Dieu de toutes
ces épreuves qui m’ont permises de grandir.
Voir 5 articles que j'avais écrits dans le Ménestrel numéro 27 du trimestre à cheval
sur les années 53/54 (décembre, janvier et février)
1696 - Lors des retrouvailles à Murol en 2012
Alexis BUCHAGIAR
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février