Mon père, Pierre Domon est né en juin 1918 en Suisse. Il fait ses études dans ce pays à Bienne au Technicum Cantonal et,
comme beaucoup de ses compatriotes il se destine au métier d'horloger. Marié à une française en 1943 il s'établit à
Epinay sur Seine et sera naturalisé français par la suite.

En mars 1948 il postule comme professeur d'horlogerie au château des Mesnuls, centre nouvellement  créé par
Madame Mallet pour prendre en charge les enfants mutilés victimes de la guerre. Le but de cette fondation est le
traitement (soins médicaux, chirurgicaux et appareillage), l'enseignement scolaire et l'apprentissage d'un métier
(horlogerie, cordonnerie, secrétariat comptabilité, horticulture).

Pendant cette période d'après guerre, le centre a pu fonctionner grâce à la Croix Rouge Française, à différents
donateurs, notamment la très généreuse américaine Miss Kemp et grâce à des "pionniers"  prêts à s'investir:
Par exemple, durant les premiers mois de son embauche, mon père a attendu un salaire qui tardait à venir
(l'éducation nationale l'a reconnu en octobre 1948 et titularisé en 1962). Il a fourni les premiers outils pour ses élèves,
à fait office de coiffeur pour le centre !.... économies obligent et différentes tâches faisant appel à la bonne volonté de chacun.
Durant cette année 1948 des Quakers anglais, objecteurs de conscience faisant un service militaire civil en France
feront quelques travaux pour aider le centre (peintures, cuisine etc..) avant de regagner leur pays. (1)

La première équipe était très motivée, l'époque difficile, d'autres plus tard sont venus apporter leur concours,
Marie Noëlle Muriel par pudeur sans doute n'a  pas parlé du sacerdoce de son père lors de son passage aux Mesnuls
puis aux Paralysés de France.  

Toute la carrière de mon père se fera à la fondation, il sera directeur intérimaire en 1972. Pendant plusieurs années,
examinateur et membre du jury à Paris pour l'obtention du diplôme d'horloger. Le centre des Mesnuls fermera en 1972,
ma mère, en 1968 sera liée à l'acquisition de Richebourg pour la continuité de la fondation.

Encore aujourd'hui en 2010, d'anciens élèves souvent retraités comme lui viennent le voir pour raviver les souvenirs
d'une jeunesse passée au château des Mesnuls et parler de leur parcours professionnel.

En ce qui me concerne, c'est une autre histoire, outre d'avoir passé mon enfance (Beda) au château, je serai encore là
comme kinésithérapeute en 1966/67 et à mi-temps de 1973 à 1975. (voir photo ci-dessous)

Bien cordialement à tous

Bernard Domon

(1) Une des premières photos prise à Montfort (1948) au milieu des Quakers mon père en veste, ma mère caressant le chien et votre serviteur, bambin à cheveux longs à droite dans le camion. (257)

Mars 2018
Nous venons d’apprendre le décès de Monsieur Pierre DOMON, survenu le 17 mars dernier, dans sa centième année.

Voici le mail reçu :  Nous sommes désolés de vous annoncer le décès de Monsieur Domon survenu le 17 mars dans
sa centième année.
Il a exercé avec dévouement au château la profession d'enseignant en horlogerie de 1948 à la fermeture du centre.
Bien à vous tous.
Bernard Domon

Pratiquement tous les résidents du Château des Mesnuls, de l’horloger à l’horticulteur en passant par le cordonnier et le comptable, tous ont connu et apprécié Monsieur DOMON, et ont, à un moment ou un autre, partagé de bons moments avec lui… outre son enseignement professionnel.

Sa disparition marquera sans aucun doute d’une façon plus profonde les Mesnuliens « Horlogers », car il est évident que si pour chacun, il nous a marqué par sa personnalité, les « Horlogers » ont eu un partage privilégié avec lui.

Un GRAND MONSIEUR qui nous quitte, Une FIGURE MARQUANTE du Château des Mesnuls qui laisse un souvenir impérissable à tous, et notamment à ceux qui ont bénéficié de son enseignement.

Lors de nos rassemblements, il fait partie de ces personnages qui animent nos conversations et entretiennent un lien « spécial » propre à l’esprit des Mesnuliens.

Monsieur DOMON avait également été un acteur de la fondation Mallet.

Le GRAND HORLOGER est parti … 

Au nom de l’A.A.C.M. nous présentons à toute sa famille, nos profondes et très sincères condoléances.

NB : Nous n’avons pas d’information concernant ses obsèques.

           Pour le bureau de l’A.A.C.M.
           Le Président